L’idée de la mort, de la finitude m’habite et je me réfugie dans des images de nature me rassurant, en me montrant une idée d’éternité, de l’incessant recommencement et un répertoire de formes d’une grande fantaisie dans lequel je pioche. Même si j’y vois une fragilité, j’y vois aussi la résilience. Et je tente souvent de faire revivre une idée du passé pour ne pas qu’il disparaisse. Sorte de nostalgie récurrente, comme à la recherche d’un monde perdu, un idéal, une invitation au voyage.
Transmettre l’esprit de…et non pas dessiner le paysage, rechercher une expression spontanée de forme et sensible de la nature. Partir du motif, certes mais ne pas proposer une image du monde, comprendre, sentir, ressentir, vivre le vent, la végétation, la terre, la végétation, la terre, la géologie. Etre à l’intérieur et pas seulement à l’extérieur à regarder, le toucher, le respirer.
Je ne me contente pas de la surface, j’aime aller voir à travers et dessous, besoin d’aller gratter, appréhender la profondeur, tendre vers l’essence. J’aime l’épaisseur et la transparence qui me permettent de traverser, de voir “Au delà de la surface ou l’apparence des choses”.
J’utilise souvent la toile de jute (mais ce n’est pas une règle) à cause de sa trame brute, grossière sur laquelle j’applique encre, pigment, sable, brou de noix, acrylique… J’ai aussi recours au collage et à la linogravure. Le côté répétition m’amène un sentiment de sérénité, de quiétude, un côté “papier peint” rassurant lié sans doute à l’enfance. interrogation sur le temps qui passe, ce qui disparaît.
Mettre un calque par dessus, un rideau. on devient spectateur. Il y a une distance: monde extérieur/monde intérieur. Se mettre en sécurité, se retirer du monde. Le cercle revient souvent en répétition. Absence d’aspérité, ni commencement, ni fin. C’est un monde de l’entre-deux, ni tout à fait à l’extérieur, ni tout à fait à l’intérieur. Entre la profondeur et et la surface. Intériorité.